Comment (bien) choisir son poisson ?

Si ce courrier ne s’affiche pas correctement, cliquez ici.
LES MARDIS VERTS Greenpeace

Les océans se vident (et nous regardons ailleurs)

Comment choisir poisson et fruits de mer ? Je me suis plongé (haha) dans le sujet et les conclusions sont assez simples : il faut en manger moins souvent et privilégier les produits issus de la petite pêche durable. Malheureusement, c’est la (sur)pêche industrielle qui irrigue les produits de supermarchés, jusqu’aux étals des poissonneries. Tour d’horizon et conseils pour se faire plaisir de temps en temps sans vider les océans.

Le poisson est une fête

En France, on consomme environ 100 grammes de produits de la mer par jour et par personne. Il faudrait en manger 4 à 5 fois moins pour éviter l’effondrement des stocks de certaines espèces. C’est ce qui est arrivé à la morue de la Terre-Neuve, surpêchée dans les années 1990, qui n’a jamais retrouvé sa place dans l’écosystème. Faisons plutôt du poisson un mets exceptionnel, un repas de fête ! Et attention à ne pas remplacer le poisson par la viande, car l’élevage industriel participe non seulement au dérèglement climatique, mais aussi à la surexploitation des stocks de poissons. Une partie de la pêche industrielle sert en effet à nourrir les animaux d’élevage (bétail et poissons). Pas d’inquiétude, les alternatives végétales, riches en protéines, en fer et en omega-3, sont nombreuses.

Mollo sur le cabillaud

En France, on consomme beaucoup de cabillaud, de saumon d’élevage, de thon en boîte et de crevettes issues d’élevages tropicaux. Chacune de ces industries pose de sérieux problèmes écologiques. Une partie du cabillaud est pêchée au large des côtes norvégiennes, où le stock est en mauvais état, puis débitée en Chine, avant d’être commercialisée en surgelés. Les saumons des élevages norvégiens sont exposés aux poux de mer (menaçant les saumons sauvages) et traités avec un pesticide, le diflubenzuron, interdit dans l’agriculture européenne. Le thon de nos conserves est pêché dans l’océan Indien avec une méthode (les DCP, dispositifs de concentration de poissons) particulièrement néfaste. Quant aux élevages tropicaux de crevettes, ils détruisent la mangrove, un écosystème irremplaçable. Alors sur les espèces, un seul conseil : diversifiez votre consommation de poisson. (Re)découvrez le plaisir du poisson frais et local : le bar de Bretagne, le merlu basque, le tacaud, le merlan bleu, etc. Vous pouvez également vous tourner vers les crustacés (crabe, langoustine) s’ils sont pêchés au casier, ou bien les coquillages d’élevage (huîtres, moules) qui sont des organismes filtreurs et participent à nettoyer les océans.

No label

Malheureusement, aucun label n’est satisfaisant aujourd’hui. Le label MSC, le plus connu et le plus critiqué, n’offre pas de garanties de durabilité suffisante. Le label “Pêche durable” a un cahier des charges très peu contraignant. “Le “Label Rouge” porte sur la qualité du produit, tandis que le “Pavillon France” indique simplement les produits pêchés par des navires au pavillon français ; aucun des deux n’offre une garantie sur la durabilité des pêcheries. Quant au label bio, il certifie que les poissons d’élevage n’ont pas été bourrés d’antibiotiques, mais ne résout aucunement les problèmes des élevages de poissons, notamment la pêche minotière. Oui, car pour élever des poissons, il faut… pêcher d’autres (petits) poissons pour les nourrir, ce qui prive des millions de personnes de l’accès au poisson, en Afrique de l’Ouest notamment.

Gardez la ligne

Si vous ne deviez retenir qu’une chose pour (bien) choisir les produits de la mer : regardez (ou demandez) la méthode de pêche. Les poissonneries sont obligées de l’afficher sur leurs étals. L’association Bloom a publié une brochure qui évalue les différentes méthodes. Elle nous invite à privilégier les méthodes à faible impact (pêche à la ligne et cane, casiers). Et évitez dès que possible les méthodes non ciblées, comme le chalut de fond ou les DCP, car les espèces non désirées sont ensuite rejetées, mortes, dans la mer. Donc si vous apercevez la mention “ligne” sur l’étal de votre poissonnerie, foncez. S’il n’y a rien d’écrit, ou si vous êtes au restaurant, demandez des précisions :).




En résumé, trois choses à avoir en tête : diminuez sensiblement votre consommation de poissons (et de fruits de mer), diversifiez les espèces et privilégiez les méthodes les plus respectueuses des écosystèmes, comme la pêche à la ligne. Et ça tombe bien, le site Poiscaille permet d’acheter directement auprès d’un réseau de petits pêcheurs et pêcheuses durables. À consommer avec modération bien sûr.

Découvrir Poiscaille

Si vous voulez approfondir le sujet, je vous recommande chaudement le Cash Investigation sur le thon (ou encore les documentaires “Le saumon, un bon filon” réalisé par Arte, et “Mollo sur le cabillaud” réalisé par France 5).

Et si vous souhaitez partager ces informations avec vos proches, j’ai résumé cet email en vidéo, où j’explique en 2 minutes chrono comment choisir son poisson. Vous pouvez bien aussi leur proposer de s’inscrire aux Mardis verts, ou leur transférer cet email.

À la semaine prochaine, pour un email sur l’électricité 💡.

Alexis.

Pour ne plus recevoir d'email, désabonnez-vous ici.
© Greenpeace France