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Alerte, nos poubelles débordent
Ramasser et trier les déchets. On a l’impression que c’est devenu l’alpha et l'oméga de l’écologie. Récemment, je suis tombé sur une pub où l’on voyait une conserve au sol avec cette phrase : “vous pouvez laisser une plus belle trace sur Terre”. Comme si l’explosion des déchets était due à notre négligence... alors que c’est une stratégie délibérée des industriels.
Buvez, jetez !L’histoire commence aux États-Unis. Dans les années 1930, les industriels de la boisson introduisent la canette en métal, qui remplace progressivement la consigne sur les bouteilles en verre. Avec un argument commercial choc : pas besoin de rapporter la canette, elle est jetable ! Dans une publicité d’époque, on voit ainsi deux hommes qui boivent une canette sur une barque, l’un d’entre eux s’apprêtant à la jeter par-dessus bord. Un alibi pour le jetableLa stratégie du tout-jetable fonctionne si bien que les routes sont jonchées de déchets. Les écologistes demandent alors de revenir à la consigne, et d’interdire les contenants jetables. Les industriels refusent. Sans vergogne, ils lancent des spots publicitaires pour culpabiliser les individus qui jettent leurs déchets jetables (!). En parallèle, ils créent les premières filières de recyclage, avec la promesse de transformer les déchets en ressources. Le tri sélectif se démocratise, mais le volume de déchets… explose. Qu’importe ! Les industriels continuent à présenter le recyclage comme la principale solution au problème des déchets. Du pur greenwashing et une excuse commode pour ne pas sortir de l’ère du jetable. Vers le zéro déchet
Résumons. Faut-il jeter ses déchets à la poubelle ? Évidemment. Trier ses déchets ? Lorsque c’est possible, bien sûr. Le recyclage est-il utile ? Oui, en dernier recours, pour donner une seconde vie à certaines matières, comme le papier ou le métal. Mais il y a bien plus urgent : réduire collectivement le volume de déchets. Et ça, les industriels n’y ont pas du tout intérêt, d’où ces campagnes publicitaires pour vous culpabiliser. À nous d’exiger des responsables politiques qu’ils mettent fin au tout-jetable. En Alsace, par exemple, la pratique de la consigne existe toujours.
Pour approfondir le sujet, je vous recommande l’article du philosophe Grégoire Chamayou. Je vous conseille aussi l’excellent livre de Flore Berlingen, Recyclage : le grand enfumage, qui a inspiré l’objet de cet email. Son autrice, directrice de l’association Zero Waste France pendant 7 ans, y détaille les nombreuses limites du recyclage (vous pouvez l’écouter sur RFI, Radio parleur ou l’excellent podcast de Ouest-France Y a le feu au Lac). |
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